Selon l’APEC, la majorité des professionnels, et plus particulièrement des cadres, aspire à l’indépendance.i
Leur projet peut prendre trois formes : La micro-entreprise (ex autoentreprise) La gérance d’une SASU (ou EURL) Le portage salarial
Selon la situation, les objectifs et les métiers, chacune comporte des avantages, des inconvénients ou des limites justifiant le présent éclairage.
La micro entreprise est une option simple : on s’enregistre, on déclare et on paie ses charges en quelques minutes sur internet.
En début d’activité, les allègements de charges en font également le statut le moins onéreux, donc le plus attractif.
Malgré ce, 2/3 des micro entrepreneurs sont en situation irrégulière à l’égard des organismes sociaux et 3⁄4 des projets de micro entreprise se soldent par un échec dans les cinq ans.
Le passage à un autre statut d’indépendant peut succéder à cet échec (le micro entrepreneur peut passer au portage ou créer son entreprise) mais ces statistiques doivent faire réfléchir :
Au-delà de l’attrait initial, donc au terme de la deuxième année, l’accroissement des charges est d’autant plus sensible que les prestations ouvertes en contrepartie sont limitées (nulles lorsqu’on n’est pas à jour). Le bon marché se révélant cher, mieux vaut, alors, opter pour un statut ouvrant droit aux prestations du régime général.
Tel est le cas du gérant de SASU (ou EURL ou SARL…etc) : il cotise comme tout salarié et bénéficie du régime général, sauf sur un point crucial, le chômage.
Or, la caractéristique majeure de ces deux statuts est la prise de risques :
Les études, projections, business plans, préalables indispensables, ne prémunissent pas contre les aléas, les revers et les imprévus.
La Française des Jeux met en garde, à juste titre, les joueurs qu’elle expose : Jouer comporte des risques.
Le micro-entrepreneur est un joueur qui assume, sans mise en garde, une responsabilité personnelle illimitée potentiellement dramatique en cas de défaillance.
A Las Vegas ou Monaco, on trouve, dans sa chambre des jetons offerts par l’hôtel pour aller au casino voisin.
Il en va de même pour le statut de micro-entrepreneur : aussi longtemps que vous jouez les jetons offerts (allègements de charges initiaux) vous ne perdez rien à tenter.
Au-delà, le risque devient réel et explique le taux d’abandon ou d’échec.
Le statut de gérant ne permet de limiter le risque lié à la responsabilité personnelle que lorsque le
projet dépasse le cadre personnel de l’EURL ou SASU pour impliquer des salariés et devenir une une véritable société limitant sa responsabilité aux capitaux investis.
Là encore, le taux d’échec conséquent et les conséquences peu réjouissantes incitent à la prudence.
Plus récent (légalisé en 2015) et en forte progression, le portage salarial est typiquement l’assurance qui ne parait même pas chère avant l’accident.
Il permet à un indépendant s’appuyant sur une société qui va « porter » son contrat de travail de bénéficier de l’ensemble des avantages du statut salarié et le dégager de tout risque personnel.
Ses prérogatives restent celles d’un indépendant : il démarche librement sa clientèle et négocie tout aussi librement ses contrats.
Mais il n’assume plus les risques découlant de son activité :
Ses intermissions sont couvertes par Pôle Emploi (s’il était déjà salarié ou demandeur d’emploi, il conserve le bénéfice de ses droits acquis), il n’assume plus de risque financier (délais de paiement, impayés…), n’est plus confronté aux organismes collecteurs (URSSAF, CAISSES DE RETRAITE. FISC… sont autant de plaies en matière de litiges, recouvrements et contentieux) et n’assume d’autre responsabilité que la réalisation des prestations qu’il a négociées.
En outre, la société de portage contribue à l’amélioration de sa valeur ajoutée, notamment en le prescrivant et en facilitant sa recherche de missions voire en y contribuant.
Ces avantages sont peu onéreux : les sociétés de portage prélèvent, en moyenne, de l’ordre de 5% de frais de gestion, ce qui se révèle inférieur aux frais économisés par l’indépendant (assurance responsabilité civile, coûts de gestion…).
Malgré les apparences (des charges sociales plus lourdes) le portage se révèle plus rémunérateur car il autorise des stratégies difficilement accessibles aux autres statuts (grâce à la formation et à l’accompagnement) et, surtout, il procure une sérénité absente des autres statuts.
Le site de Freedom Portage propose une comparaison chiffrée, subjective par définition, susceptible d’éclairer la prise de décision.
Les professions réglementées (notaires, architectes, agents immobiliers, services à la personne) les commerces de biens et les activités artisanales de productrices (menuisiers, plombiers…) sont exclues du portage.
La transition d’un statut à l’autre est aisée : les statuts, compatibles, peuvent être cumulés. Conclusion :
Dans la majorité des cas, la logique et la prudence poussent à commencer par une première année en micro-entreprise avant d’évoluer :
- – Soit vers une véritable création d’entreprise si le projet se révèle viable et le justifie.
- – Soit vers le portage salarial.Lorsque le risque est limité ou maitrisé, l’indépendance se révèle propice à l’épanouissement personnel et, à cette condition justifie qu’on encourage les candidats à franchir ce pas.https://www.peps-syndicat.fr/presse-et-institutions/presse/etude-apecpeps-les-cadres-s%C3%A9duits-par-le-portage- salarial*